Compte-rendu : Benoît AUBERT et Nocolas MAURRAS à l'EmbrunMan

Benoît AUBERT : Deuxième participation, et première participation pour mon poulain devenu étalon: Nicolas MAURRAS! Il y a deux ans avec nos gros ventres en buvant des boissons anisées, on avait parié... 39 kg plus tard à nous deux, les résultats sont là et la satisfaction à la hauteur du chemin parcouru!

Cette année j'étais dans des dispositions particulières. Contraint à ne pas courir à pied ou presque (120km en 12 mois) à cause d'une tendinite à la hanche déclarée en juin 2013. À vrai dire quand on est lourd, qu'on a un problème de parallélisme flagrant et qu'on a jamais couru parce qu'on aime pas ça, en débutant le triathlon même avec prudence la question est: à quel moment je vais me blesser? J'ai la réponse!

Par contre j'ai été séduit par Embrun l'année dernière, et pas seulement par la faune migratrice peuplant le plan d'eau le 15 août! J'avais en ma faveur une meilleure condition physique générale et un meilleur niveau en vélo. La comparaison des performances sur les cyclosportives ou les triathlons déjà réalisés me laissait entrevoir quelques espoirs d'améliorations notables...

Je visais moins de 13h30 soit 30mn de mieux que l'année dernière. Malheureusement quelques jours avant, un 2ème handicap est venu s'ajouter à la tendinite. Un virus qui passait tranquillement d'un membre à l'autre de la famille s'est installé chez moi. Coup de fièvre, une nuit à claquer des dents sous les couvertures, rien de grave pour quelqu'un qui n'a pas l'Embrunman dans son agenda le vendredi... Mon état s'est amélioré progressivement au fil des jours mais malheureusement le matin du 15 août je n'étais pas totalement remis.

J'ai du faire un gros travail mental pour y aller dans le but de faire moins bien!

J'ai changé d'objectif, simplement finir! :-(

Le départ est donné, grosse émotion, ça chahute beaucoup, c'est pas très large et on est plus de 1200 à vouloir aller au même endroit!

Je nage sur la réserve mais avec la sensation de forcer un petit plus que l'année dernière. Je sors une minute plus tôt en 1h16 (675ème temps) mais une minute plus tard que mon poulain qui a déjà mis son cuissard quand j'arrive dans l'aire de transition. Là c'est du délire le Charleval fan club de Maurras, renommé depuis la bringue d'y hier soir, est en folie! Les barrières métalliques commencent à fondre!

J'ai l'impression qu'il n'y a qu'eux comme spectateurs! Ils ont fait la une d'un site de triathlon d'ailleurs! Nico part avec son vélo, là c'est à la limite de la lésion auditive! J'ai la chance de bénéficier du titre de supporté en second, ça donne les frissons!

Je rejoins Nico, on discute un peu puis je reprend mon rythme. Dans les descentes et sur les parties roulantes je rattrape beaucoup de concurrents, dans les côtes je perd quelques places. Je manque de force, je me mouche tout les 4km, je tousse, je vois mes objectifs horaires s'envoler. Je n'arrive même pas à rester sur le même rythme que l'année dernière...


Je passe quand même l'air de rien devant le photographe à 2km du sommet de l'Izoard sur la roue arrière, le bouffon de Liège est touché mais pas coulé!

Le vélo se termine difficilement avec un fort vent de face, plus fort que l'année dernière. Vu mon état sur le vélo, je suis très pessimiste en pensant au marathon. J'ai peu de force, je n'aime pas trop courir, je ne suis pas entrainé à ça, et il y a 42 km à faire... Je cherche une source de motivation. Heureusement j'en trouve une, la photo à l'arrivée avec ma fille comme l'année dernière mais aussi avec mon fils! C'est bon, je n'ai plus aucun risque d'abandon je suis déterminé. Je termine le vélo en 7h44 soit le 366ème temps. J'ai gagné 278 places contre 500 l'année dernière.

En rentrant au parc, le fan club de Nico est en délire, j'effectue un habillage subtil pour animer un peu tout ça (même si c'est superflu!) sans non plus me prendre un carton par l'arbitre! Je profite d'un massage des jambes et me ravitaille en même temps. Les 2 kinés hallucinent sur le niveau sonore des encouragements! Ils sont impressionnants les Charlevalois!

Je sors du parc et puis là surprise je commence à courir et je me sens bien! 

J'ai l'impression d'être vraiment lent mais finalement je fais le premier semi en 2h15, comme l'année dernière où parti trop vite j'avais explosé et souffert copieusement.

Et là lorsque je passe le semi je suis encore frais et énergétiquement parlant tout neuf. Surprenant! Au bout de 34km je sens une baisse de performances malgré une alimentation nickel et une digestion de rêve! C'est tout simplement l'épuisement qui commence à pointer le bout de son nez. La famille de Nico, la femme de Mickael, ma copine, mes parents, mes enfants et tous les anonymes qui cherchent rapidement notre prénom dans la liste m'encouragent et me donnent des forces. Mon père comme l'année dernière m'accompagne sur le 2ème semi et me soutient sur certains secteurs puis une arbitre nous donne un avertissement en arrivant au plan d'eau. Je file tout seul.

Ça tire dans les bras, je marche tranquillement en savourant la dernière ligne droite, je regarde le public, je perd 5 places mais quelle émotion et quel bonheur de boucler cet Embrunman en gagnant 8 min malgré les difficultés du jour!

383ème en 13h50min11s : http://www.ipitos.com/images/resultats/pdf/pdf_338_1041.pdf

J'ai eu le sentiment de faire ce longue distance en sous régime mais finalement ce manque de force en vélo m'a permis de me préserver et d'être mieux sur le marathon. Petite frustration quand même de ne pas avoir pu faire un résultat à mon niveau mais satisfaction d'avoir fait le taf! Ceci me laisse un petit goût d'inachevé... Un troisième Embrunman en revenant plus fort??? J'ai pas encore la réponse! 

Nico a bouclé son 1er ironman en 14h19 à la 499ème place sur 1239 inscrits, le contrat est plus que rempli! Énorme satisfaction! Respect!